top of page
Rechercher

🦴 Vivre avec son chien de chasse… ou comment transformer sa vie en documentaire Animal Planet


Laure CHRISTAU, éducateur canin, Loir-et-Cher, Indre-et-Loir

« Et si on prenait un épagneul ? Non, un labrador ! Ou un terrier, ils sont trop mignons ! »

C’est fou comme, dans la tête des gens, « mignon » veut dire « ne fera jamais de bêtises ». Spoiler : si, il fera des bêtises. Surtout s’il est programmé génétiquement pour courir après tout ce qui possède un pouls, deux yeux et un début d’odeur de gibier.

On oublie souvent un détail quand on adopte un chien de chasse : ça chasse. Oui, oui, même celui avec la petite tête ronde et les oreilles velues que vous avez choisi parce qu’il « avait l’air trop gentil ». Gentil, peut-être. Mais dans sa tête, c’est Jurassic Park.

Bref, j’en viens à mon héros : T-rex, croisé Airedale/Fox terrier, alias la version canine d’une fusée SpaceX — sauf que lui, quand il décolle, impossible d’appuyer sur « retour au pas ». T-rex, prédateur officiel de la Sologne, amateur de lièvres, chevreuils, lapins et… tranquillité mentale de sa maîtresse.



I) T-rex, le chien de chasse qui rêvait de chevreuils


Ou comment j’ai adopté un chien… et un abonnement cardio.

T-rex vient d’un refuge. Aucun passé connu, juste quelques suppositions très logiques : parents chasseurs, enfance au chenil, formation accélérée en pistage de bestioles. Quand je l’ai ramené à la maison, il connaissait tout sauf… l’humain, la vie intérieure et la sieste sur un plaid Ikea. Il voulait juste être dehors H24. Un coloc idéal, quoi.


Et puis j’ai vu la bête en action :

Un chevreuil → BOUM décollage immédiat.

Un lapin → activation du mode missile.

Un lièvre → disparition instantanée, plus rapide que ma connexion internet.


J’ai donc sorti le combo gagnant : patience, éducation, saucisson (outil pédagogique sous-côté) et câlins non consentis. Petit à petit, je lui ai appris que l’humain, c’est cool : ça nourrit, ça gratouille et ça promet des sorties avec des copains chiens (qui ne courent pas tous derrière les chevreuils… enfin, normalement).

Aujourd’hui :✔ Obéissance nickel

✔ Sociable avec tout ce qui bouge

✔ N’explose plus le canapé

✘ Par contre, la chasse ? Ah, ça… c’est gravé dans son ADN comme Netflix sur mon canapé.

Alors on s’adapte

:→ truffe en l’air = au pied, tout de suite

→ zones sans routes, sinon bonjour la panique

→ GPS obligatoire (Tractive, je vous aime, même si vous ruinez la batterie de mon téléphone)

Et malgré tout… parfois, ça part. En période de chasse, surtout. Un bruit dans les fougères et hop, bye bye, à tout de suite (ou pas).

Un jour, j’ai essayé de le retrouver en voiture, suivant le GPS comme une stagiaire de la CIA. Mauvaise idée : monsieur est revenu… à la voiture. Moi ? À trois kilomètres. Lui ? Assis, tranquille, genre : « Ben t’étais où ? »


Morale : ne bougez pas. Votre chien sait très bien où vous avez garé la bagnole. Plus malin que vous, souvent.


II) Éduquer un chien de chasse


(ou comment développer la patience d’un moine tibétain)

Éduquer un chien, c’est important. Éduquer un chien de chasse, c’est fondamental pour votre santé mentale.

On parle ici de vrai travail :

  • obéissance

  • socialisation

  • création du lien

  • et comprendre que, parfois, votre chien devra choisir entre :poursuivre un lièvre ou revenir vers vous → tout l’art consiste à faire en sorte que vous soyez plus cool que le lièvre.


Oui, c’est dur. Oui, ça demande du temps. Oui, vous allez répéter « au pied » environ 17 492 fois. Mais quand ça marche… c’est magique. (Et accessoirement, vous évitez de courir après votre chien en hurlant dans les bois.)

Tous les chiens de chasse n’ont pas les mêmes besoins, mais dans l’ensemble :

→ ils ont besoin de grandes sorties stimulantes

→ la forêt, c’est mieux qu’un parking

→ les odeurs = Disneyland

→ les copains chiens = wahouuu fête nationale


Pour donner une idée : moi, je marche 10 km par jour. Oui, tous les jours. Résultat : un chien heureux et une maîtresse en meilleure forme que quand elle allait à la salle (qu’elle payait… mais n’utilisait jamais).

Si vous devez retenir un mot : patience. Oui, encore.« Patience et longueur de temps… » etc. Particulièrement vrai pour nos petits serial-trackers de gibier.

Ils finissent par se calmer. Parfois vers 10 ans. Ou 12.

Bon, ok, on croise les doigts.

Et n’oubliez pas :Un chien de chasse reste un chien.

→ confort dans la maison

→ câlins (minimum 10 par jour, sinon amende)

→ sorties, sorties, sorties

→ humour et amour en option mais fortement recommandés


Conclusion


J’espère vous avoir aidé, éclairé, déculpabilisé… et pas découragé. Vivre avec un chien de chasse, c’est du sport, du rire, quelques frayeurs, beaucoup d’amour… et zéro routine.

Mais au moins, on ne s’ennuie jamais. Jamais. JAMAIS.

 
 
bottom of page